Vous consultez la page:
Pole Enseignant > pédagogie> Notation: Vers une évaluation plus cohérente

DOCUMENT NOTATION
Vers une évaluation plus cohérente.

L'utilisation de barèmes de notation ou de systèmes d'évaluation n'est actuellement pas aussi aisée qu'il y paraît.

Si pendant des années les tables de référence LETESSIER ont pu satisfaire les soucis des enseignants en matière d'évaluation sommative, il en est autrement aujourd'hui.

Ces tables de cotations sont construites à partir d'études statistiques portant sur des performances de sportifs représentatifs d'un niveau de pratique donné (le haut niveau de pratique sportive en général). Ces tables possèdent de sérieuses garanties de rigueur et sont parfaitement représentatives du niveau duquel elles sont issues. " Le barème une fois adopté, il n'est plus question de discuter ou de commenter la valeur d'une performance donnée ; elle est cotée une fois pour toutes. " (Letessier 1956).

L'unité du barème est donc essentielle dès l'ors que sa fonction est d'être un référentiel pour une vaste population. C'est à partir de cette logique qu'ont été établis les références nationales.

Cette référence à ces tables établies une fois pour toutes ne satisfait plus les besoins actuels en matière d'évaluation sommative. Des écarts importants se sont creusé entre les performances d'une population sportive spécialisée et les performances moyennes des élèves de nos établissements scolaires. Il n'est pas notre sujet de faire une analyse précise des causes, mais nous pouvons cependant dire que les objectifs prioritaires de l'éducation physique et sportive ne sont plus uniquement l'amélioration de la performance physique. La prise en compte des savoir-faires, des différences de tous ordres et de la spécificité des populations scolaires ne nous permet plus de nous satisfaire de tels systèmes de notations.

La PPO situait déjà en son temps, la notation dans l'ensemble du processus éducatif. " Pour être utilisés, les tests doivent mesurer les performances par rapports aux objectifs " (Mager 1977). L'évaluation n'avait cependant, en son temps, pas les moyens de mettre en place des systèmes cohérents d'évaluation.

La circulaire N°80.273/3 du 9/10/80 précisant les modalités du contrôle continu en EPS au BAC marque une rupture dans les normes d'évaluation. L'enseignant est tenu de définir ses propres critères d'appréciation en tenant compte des réalités de la classe. Les travaux de J.P.Cleuziou (1984) permettent de mettre en place un barème national du BAC établi pour la première fois à partir du niveau de performance d'une population scolaire.

C'est un premier pas important vers une évaluation sommative adaptée aux spécificités d'une population qu'elle est sensée mesurer.

La circulaire 1992 émanant des services de l'inspection générale de l'EPS poursuit ce processus de réforme de l'évaluation engagée depuis. La prise en compte (simultanée) d'un niveau de réalisation et d'un niveau de maîtrise d'un ensemble de principes opérationnels apparaît clairement. Ces directives fondamentales pour l'établissement d'une évaluation cohérente ne sauraient être suivies d'effets sans la mise au point d'outils pertinents permettant leur application.

Maccario annonçait déjà en 1982 : " l'important devient le cheminement vers l'objectif fixé " signifiant par là même occasion que l'évaluation se devait de prendre en compte de manière significative, les moyens que se donne l'élève pour parvenir au résultat souhaité par le pédagogue.

Les nomogrammes suggérés par la circulaire de M. PINAU permettent de simuler de nouveaux types d'évaluations en associant et en pondérant plusieurs indices d'évaluation interactifs pour en déterminer un niveau associé à une note. L'élaboration de tels systèmes de notation n'est pas simple. Il est fondamental de respecter la cohérence de la notation par rapport aux objectifs recherchés.

L'élaboration de barèmes devant servir de nouvelles références est possible à partir d'études statistiques portant sur une population spécifique comme nous l'avons signalé avec les travaux de J.P. Cleuziou et les nouveaux barèmes aux examens. Pour être construits, ces barèmes ont besoins de connaître des bornes ou des seuils pour déterminer des repères significatifs. Ces seuils sont issus pour la plupart des cas des études statistiques. Ainsi en saut en hauteur on pourra déterminer avec un échantillon important de performances, la répartition générale de ses performances. Une répartition des notes sera faite ensuite en rendant compte le plus fidèlement possible de cette répartition. En situant la moyenne à une certaine valeur de performance, on pourra déduire les notes des autres performances.

Les spécialistes en didactique des APS sont également capables de situer des seuils de performances pour des classes d'âge données ou des niveaux de compétences donnés. Leur expérience et la connaissance qu'ils ont de l'activité (si elle n'est pas remise en cause) garantissent la pertinence de ces seuils.

Connaissant ces deux couples (perf/note), il est possible de construire n'importe quel type de courbe mathématique représentative de l'évolution des notes par rapport à la progression des performances. Le choix de ce profil de courbe dépend alors de plusieurs facteurs et peut prendre les types suivants :

  • 1. Référentiel: La courbe doit absolument passer par une performance que j'associe à une note donnée. Dans ce cas le profil de la courbe sera imposé par ce nouveau couple.
  • 2. Pédagogique: l'enseignant modifie le profil de la courbe de progression des notes suivant l'idée qu'il se fait de la progression normale de ces notes.
  • 3. Stratégico-pédagogique: l'enseignant établit un profil de courbe correspondant à un souci pédagogique et stratégique afin d'avoir un impact précis sur une frange spécifique d'une population dans une intention particulière.
  • L'aspect de la courbe de progression des notes par rapport aux performances peut globalement avoir trois aspects.

    L'établissement de tels barèmes implique de la part de celui qui le met en place, une justification théorique par rapport aux objectifs qu'il s'est fixé.

    Les études statistiques garantissent la rigueur des barèmes établis et permettent à l'utilisateur de se justifier d'une certaine fatalité. La construction de barèmes à partir de l'analyse didactique d'une APS oblige l'utilisateur à justifier sa démarche avec des arguments cohérents vis à vis des objectifs recherchés.

    Les Nomogrammes permettent la mise en relation de tels barèmes construits à partir d'une méthode ou d'une autre. Il impose cependant la justification de la pertinence de l'association de différents indices d'évaluation. En associant au cours d'une même situation une durée de course en endurance et la distance parcourue, l'enseignant met en relation deux principes fondamentaux (non exclusifs) de la course d'endurance.

    En associant une distance de course réalisée dans un temps donné avec une allure de course au cours d'une situation d'évaluation différente, l'enseignant rompt la cohérence de son évaluation. Le choix des indices d'évaluation est donc primordial.

    L'intelligence artificielle et la formalisation de connaissances en didactique des APS permet à l'enseignant de bénéficier d'indices pertinents établis par l'expert. Ainsi en natation, il apparaît que la notion de vitesse et de distance de nage est étroitement liée à la notion de rythme de bras. En dessous d'un certain nombre de cycles de bras pris sur 50m et déterminé par l'expert, il est primordial de renforcer le travail privilégiant l'aspect rendement énergétique de la nage considérée. Par contre au-delà d'un certain seuil établi lui aussi par l'expert, il est important de favoriser le travail dans l'aspect rendement mécanique du geste moteur.

    img00001.gif (1589 octets)

    La prise en compte de deux indices d'évaluations interdépendants, nous amène à la définir des zones particulières pour lesquelles l'enseignant pourra mener des actions différentes. Pour chaque indice il est en effet possible de signifier une performance clé ou un seuil moyen définissant deux zones différentes. Le système à base de quadrants permet de placer les axes représentatifs de chacun des deux indices, dans un repère cartésien orthonormé. Le croisement de ces deux axes se faisant au niveau des seuils moyens des deux indices. Les quatre quadrants ainsi formés permettent de juger de la valeur des performances prises isolément. Les élèves du quadrants 2 n'auront pas les mêmes problèmes à résoudre que ceux des autres quadrants mais ils auront en commun les problèmes ou les acquis du quadrant 1 et les acquis du quadrant 3. Ce système des quadrants n'est qu'une représentation graphique particulière d'une démarche pédagogique qui a comme originalité d'envisager la prise en compte simultanée de deux (ou plusieurs) facteurs pédagogiques interactifs. Les indices à manipuler doivent être suffisamment pertinents pour refléter globalement la connaissance nécessaire d'une situation pédagogique particulière. C'est le cas du modèle construit en natation et utilisé par le logiciel AQUAO.

    img00002.gif (2844 octets) L'outil graphique ainsi construit n'est utile que si les zones qu'il génère sont significatives d'un comportement moteur qu'il est nécessaire de préciser au niveau du contenu pédagogique. Ceci peut d'ailleurs faire l'objet d'un constat pédagogique suivi de la formalisation des moyens.

    La première fonction du système des quadrants est de permettre le repérage de chacun des observés à un moment précis. Le quadrant obtenu et la situation de l'élève dans celui-ci est un indice synthétique à deux fonctions :

    • Il informe l'enseignant des capacités motrices de chacun de ses élèves et renseigne sur le niveau global de la classe.
    • Il informe "l'enseigné" sur sa situation dans le continuum pédagogique au moment où a eu lieu l'observation.

    La définition des objectifs sera donc liée à la pertinence de l'analyse des problèmes et aux moyens mis en place pour les résoudre. Ces moyens pourront alors devenir à leur tour deux indices d'évaluation. Le nomogramme pourra être construit autour de ces indices.

    Img00003.gif L'analyse faite en natation et ayant servi de support à la modélisation des connaissances dans cette discipline a permis de faire ressortir ces indices. L'un portant sur une distance de nage réalisée en crawl en 10 minutes et l'autre sur un nombre de cycles de bras moyen pris sur 50m. au cours du test ayant servi à évaluer le premier indice (test 10 minutes). Les barèmes mis en place par l'enseignant sont représentés sur chacun des deux montants gauche et droit du nomogramme. Ils reproduisent fidèlement les intentions pédagogiques et prennent en compte l'aspect linéaire ou non linéaire de la progression de notes.

    Une droite de notation est située entre les deux montants (gauche et droit) qui composent le nomogramme et qui représente nos deux indices d'évaluation. Cette droite peut être placée différemment entre ces deux montants suivant la stratégie que mettra en place l'enseignant pour obtenir les résultats souhaités.

  • 1. La droite de notation peut se trouver équidistante et parallèle aux deux montants du nomogramme. Dans ce cas les deux indices d'évaluation prendront une importance identique au cours de l'évaluation. Les coefficients seront les mêmes quelque soient les résultats issus des deux évaluations sur chacun des deux indices. La note sera la moyenne arithmétique simple des résultats issus des deux évaluations.
  • 2. La droite de notation peut se trouver parallèle mais décentrée par rapport aux montants du nomogramme. Dans ce cas un indice d'évaluation prendra une importance plus marquée par rapport à l'autre indice. Les coefficients accordés à chacun des deux indices ne seront plus identiques. Nous dirons qu'il existe une pondération d'un indice par un autre. Plus la droite de notation est proche d'un montant représentatif d'un indice et plus cet indice recevra un coefficient élevé et pondérera fortement l'autre évaluation.
  • 3. La droite de notation peut ne pas demeurer parallèle aux deux montants du nomogramme. Dans ce cas une stratégie fine apparaît permettant à l'enseignant de jouer sur une variation de la pondération des indices adoptant une stratégie permettant de coefficienter plus ou moins fortement les évaluations issues d'un indice et de modifier dynamiquement cette pondération suivant les performances réalisées à des moments différents du cursus d'apprentissage. L'élève peut devenir un actif participant de sa formation et de son évaluation en établissant une stratégie personnelle liée à son niveau individuel afin d'obtenir les meilleurs résultats par rapport à son travail et son investissement.
  • L'évaluation est actuellement en train de se construire des outils adaptés, cohérents et répondant aux exigences actuelles. L'informatique nous permet de mettre au point ces outils par sa formidable capacité de calcul et de simulation mathématique. L'enseignant peut actuellement construire autant de modèles d'évaluations simples ou complexes qu'il le désire sans se heurter au problème de la réalisation. Il ne s'agit pas de multiplier de façon exagérée des systèmes d'évaluation multiple au risque de perdre la notion de référentiel, mais de travailler sur les référentiels eux-mêmes afin de maintenir une pertinence et une unicité relative des systèmes construits.


    Faites connaître vos découvertes sur Internet en ce qui concerne l'E.P.S. et les Activités physiques en général


    Prenez contact avec les personnes ressources de notre académie: @.gif (17673 octets)

    Haut de Page