THÉORIES DE L'APPRENTISSAGE
Les différentes théories de l'apprentissage
moteur et divergences théoriques (J.J. TEMPRADO et M. LAURENT dans
psychologie du sport : questions actuelles.1995)
Mettent de sur les processus mentaux
s'intercalant entre le stimulus et la réponse.
L'individu est considéré comme un système
traitement de l'information (STI) qui élaborent des représentations ,
manipulent, stocke et utilise des connaissances selon un mode computationnel .
Dans la phase initiale de l'apprentissage, il
y a construction d'une situation significative à partir de laquelle une
représentation simple symbolique fidèle est utilisée pour que les opérations
cognitives se réalisent. La phase exécution viserait à changer la situation
perçue en fonction d'un projet d'action qui suscite la motivation et engendre un
apprentissage
On distingue 2 courants d’analyse dans
l’approche cognitive :
1)
Expertise cognitive et expertise sportive :
place prépondérante aux bases de
connaissances sur laquelle s’appuie les décisions et actions .S’applique
essentiellement à l’analyse des habiletés tactico-motrices
Apprendre =construire des bases
de connaissances et optimiser leur utilisation
Ce qui est appris = 4 phases
d’apprentissage avec chacune des contenus spécifiques : 1° augmenter la
quantité de connaissances mémorisées . 2° procéduralisation des connaissances
déclaratives sur l’habileté. 3° élaboration de règles d’utilisation des
procédures sous la forme de conditions de production. 4 ° automatisation de
l’utilisation des conditions de
production
Comment apprend-on = les
travaux reposent sur la comparaison des novices et des experts et peu d’informations sont disponibles
concernant la dynamique des transformations de connaissances au cours de
l’apprentissage ou les moyens
susceptibles de faciliter leur acquisition et leur procèduralisation
2)
Traitement de l’information et contrôle du mouvement :
Postulat de base = présence de systèmes
prescriptibles intervenant entre la perception et l’action et stockés au niveau
central
Le contrôle moteur comprend 3 phases
distinctes : 1° sélection d’un plan d’action sous la forme d’un programme
moteur généralisé ( PMG). 2°spécification des paramètres du PMG pour adapter le
mouvement aux exigences de la tache. 3° correction des erreurs d’exécution grâce
au traitement des informations sensorielles afférentes (SCHMIDT 1975)
Apprendre = optimiser le processus de traitement de
l’information qui sous tend le contrôle moteur
Ce qui est appris = mises en relation des infos dont le
sujet dispose avant, pendant et après la réalisation du mouvement et les
conséquences de ce mouvement (SCHMIDT 1975)
Comment apprend-on = en
aménageant les conditions de pratique ( quantité de répétitions, distribution
des répétitions, variabilité de la pratique, décomposition de l’habileté en sous
routines), en manipulant la disponibilité des infos avant, pendant et après le
mouvement ( présence de modèles, bio-feed back, connaissance du résultat,
connaissance de la performance)
Mais
Selon MEARD et BERTONE (l'autonomie
de l'élève et l'intégration des règles en EPS.1998) :
complexité du terrain ignorée
confusion moteur / non moteur
mécanismes réflexifs très coûteux et contrôle conscient de très courte durée
les effet du à l'inadéquation sujet
/problème débordent le cognitif (stress
... )
oubli de l'influence du prof médiateur et
du groupe
Selon DELIGNIERES (revue EPS 274.
1998 ):
minimisation du rôle de la répétition
valorisation de la simplification de la
tâche
Selon M. Durand (l'enseignement en
milieu scolaire 1996) :
distinction connaissance /action
(VARELLA)
apprentissage de règles et de principes
généraux remis en question par LAVE
car couplage cognition /situations spécifiques
Approches écologiques
Construite autour de la remise en cause des
postulats méta-théoriques de base de l’appropriation cognitive.
On distingue 3
courants d’analyse dans l’approche écologique :
1) Le courant de la perception directe :
Postulat d'un couplage direct entre la
perception et l'action sans intervention de représentations et sans
intermédiaire symbolique.
Le comportement émerge de l'interaction des
contraintes de l'environnement, les contraintes de la tâche serait le moyen
privilégié d'action sans recours au traitement informationnel central. Tout
notion de perturbation. C'est alors par réaction face à la demande de la tache
que naît l' activité d'apprentissage : processus d'auto adaptation déclenché
par buts à l'environnement
perturbateur
Donc inutilité de la prise de conscience pour
faire apprendre
Apprendre = augmenter la
capacité à détecter l’info utile pour agir
Ce qui est appris = les
régularités informationnelles de la tache
Comment apprend-on = peu de données empiriques sont
disponibles concernant les mécanismes par lesquels le sujet apprend à découvrir
et utiliser l’info disponible dans l’environnement
2)
le courant des systèmes dynamiques :
Le comportement émerge contraintes liées
à l'organisme, la tache, l'environnement qui pèsent sur lui.
La coordination résulte d’un assemblage de
composants en une unité fonctionnelle. Elle est représentée par des paramètres
d’ordre dont le comportement, sous l’effet des contraintes ou paramètres de
contrôle, traduit les changements qualitatifs de la coordination
le système effecteur résulte de processus
d'auto organisation. Le système obéirait à des tendances naturelles dont le but
est de faciliter le contrôle.
Apprendre = intégrer un nouvel
état stable
Ce qui est appris = intégrer
les contraintes et stabiliser un mode de coordination
Comment apprend-on = L'apprentissage consiste alors
soit à optimiser une coordination spontanée : situations de convergence = en
rendant la tâche plus exigeante, soit à acquérir une nouvelle coordination
naturelle : situations de compétitions = répétitions pour stabiliser une
nouvelle coordination, rôle de la démonstration comme facteur spécifiant la
coordination à adopter, feed-back sur les variables pertinentes (D.
DELIGNIERES revue EPS n°274. 1998)
3)
le courant de la thermodynamique :
notion de cycle perception/action ( relation
symétrique et non équivoque entre l’info et l’action)
l’info spécifie le mouvement par des forces
et le mouvement spécifie l’info par le flux qu’il génère.
L’info est directement utilisée pour
contrôler la structure
coordinatrice qui s’auto-organise à partir des flux d’énergie qui la traversent
Apprendre = découvrir et
renforcer une relation entre des variables informationnelles et des variables
cinétiques de l’espace perceptivo-moteur de la tache
Ce qui est appris = une
solution optimale, c’est à dire à découvrir une relation spécifique entre des
variables informationnelles et
cinétiques. Pour cela , il apprend aussi les stratégies d’exploration de
l’espace perceptivo-moteur les plus efficaces pour découvrir la ou les solutions
optimales
Comment apprend-on = en
explorant l’espace perceptivo-moteur
Mais
selon MEARD et BERTONE (l'autonomie
de l'élève et l'intégration des règles en EPS.1998 ) :
confusion processus adaptatifs /processus
résolutifs
oubli de étape initiale qui imposent un
contrôle cognitif
oubli du système de récompense intrinsèque
soumis à l'élève
priorité à la tâche sans se soucier du
pourquoi l'élève apprend
selon J.J.TEMPRADO et M.LAURENT (psychologie du sport : questions
actuelles.1995) :
non voie exclusive pour l’étude des habiletés
motrices car :
difficilement envisageable d’exclure
complètement l’intervention de régulations cognitives dans le contrôle des
habiletés motrices
approche écologique se soucie peu des
mécanismes qui sous tendent le couplage perception / action pour se centrer sur
ce qui est perçu et / ou contrôlé
il y a lieu d’étendre les résultats
disponibles à d’autres taches que celles utilisées
Théorie de l'ACTION SITUÉE (M. DURAND
l'enseignement en milieu scolaire. 1996)
Récuse les modèles computationnels ou
symboliques car inadéquation des modèles,
dès lors que l'on a affaire à des situations complexes : capacité limitée
du système cognitif humain , inadaptation à appréhender la signification des
informations que les systèmes traitent.
En fait la base du fonctionnement
opératif est l'interprétation de la
signification accordée à cette situation.
Les réalisations motrices sont conçues comme
l'expression des propriétés dynamiques du système effecteurs ,et les
connaissances sont pas conçues comme déjà stockés dans un répertoire ,mais
émergent de l'interaction avec des contraintes situationnelles.
Prise en compte de façon centrale de la
signification de l'action en référence à la conception fonctionnelle inspirée de
PIERCE .Le sens = signification, et est construit par le sujet acteur . On parle
d' intentionnalité et d'engagement.
Contrairement à la conception structurale
(approche dominante) ou le sens =
représentation et est codée dans le sujet . On parle de but de
motivation.
LES
PSYCHOLOGIES DE L'APPRENTISSAGE
Revue Sciences Humaines -
Hors série n° 12 mars 1998
(texte
intégral)
La
psychologie a été dominée pendant plusieurs décennies par le modèle béhavioriste
qui s'intéresse essentiellement aux comportements d'apprentissage observables.
Mais l'approche cognitiviste qui, à l'inverse, étudie les processus mentaux, a
progressivement gagné du terrain, jusqu'à devenir le modèle triomphant de cette
fin de siècle.
La
psychologie BEHAVIORISTE
Le
béhaviorisme a largement dominé les recherches en psychologie, de la Première
Guerre mondiale à la fin de la Seconde. Selon cette approche, l’apprentissage
est une modification du comportement provoqué par les stimuli venant de
l’environnement . C'est surtout Burrhus
F Skinner (1904-1990) un psychologue américain. qui a développé cette
approche et en a tiré une pratique pédagogique. L 'apprentissage peut être
obtenu par l'utilisation de récompenses appelées " renforcements positifs "
(ex. : nourriture chez le rat de laboratoire, bonnes notes chez l'élève) et
de punitions appelées " renforcements négatifs " (ex:
choc électrique chez le rat, mauvaises notes chez l’élève). L’individu adopte un
comportement lui permettant d'éviter les renforcements négatifs et d'augmenter
la probabilité de survenue de renforcements positifs. Cette procédure s’appelle
" conditionnement
opérant ". Skinner a critique le mode d'enseignement traditionnel
essentiellement fondé sur des renforcements négatifs et a proposé de remplacer
ceux-ci par des renforcements positif. Sa théorie est à l’origine de
l’enseignement programmé.
La
psychologie de la forme (ou Gestalthéorie)
Au
cours de la période 1930-1960, les théoriciens de la psychologie de la forme (ou
gestaltistes) se sont radicalement opposés aux béhavioristes. Des expériences
effectuées avec des singes mettent en évidence que la résolution d’un problème
ne résulte pas de simples conditionnements, mais supposent également la
compréhension de schèmes d’action complexes articulés entre eux. Par exemple,
Wolfang Kohler a observé comment
les chimpanzés apprenaient à attraper des bananes situées à l’extérieur de leur
cage, grâce à un bâton. C'était le fruit d une période de tâtonnements, d’une
phase très courte de réflexion, puis d'une soudaine compréhension (insight) de
la solution. Max Wertheimer a
affirmé que les apprentissages proposés aux élèves dans les écoles sont ennuyeux
et ne font pas assez appel à la compréhension par insight et donc à une pensée
véritablement créatrice.
La
psychologie cognitive
La
psychologie cognitive qui s'est développée à partir des années 60, a
progressivement détrôné la théorie béhavioriste. Les psychologues cognitivistes
tentent de comprendre ce qui se passe dans la boite noire du psychisme humain.
Le sujet ne se contente pas d’assimiler des données brutes: il les sélectionne
et les met en forme. Des spécialistes de diverses disciplines (neurosciences,
intelligence artificielle, linguistique,...) s’associent dans ce programme de
recherche. Nombreux sont les domaines explorés par la psychologie
cognitive.
1
- La perception:
Le
cerveau fait un tri parmi la masse considérable de données issues de
l’information. Ce filtre est nécessaire, il marque la différence entre voir et
regarder, entendre et écouter.
2
- La mémoire:
Les travaux de psychologie
cognitive ont mis en évidence que la mémoire comporte de multiples facettes. On
a ainsi juxtaposé mémoire à court terme (utile, par exemple. pour se souvenir du
numéro de téléphone que l’on doit composer) et mémoire à long terme. La mémoire
à court terme initialement considérée comme un réceptacle passif est en fait
assez complexe et a donc été nommée mémoire de travail. On distingue également
la mémoire lexicale (qui se rattache au " par cœur ") et la mémoire
sémantique qui concerne le sens des mots). Cette dernière joue un rôle nettement
plus important que la mémoire lexicale.
3
- Les représentations:
Nous nous forgeons, au fil
des ans, une représentation du monde environnant, parfois éloignée de la
réalité. Ce courant de recherche rejoint la psychologie de l'apprentissage. En
effet, certains auteurs considèrent que l'enseignant doit tenir compte des
représentations de l’élève afin de confronter judicieusement ce dernier avec des
informations nouvelles en vue d'un changement de conceptions.
4
- La résolution de problèmes:
La
psychologie cognitive a montré que deux types de stratégies peuvent être
utilisés pour résoudre un problème. Dans l’un le sujet part du but à atteindre
et le décompose en sous buts successifs. Dans l’autre, le sujet déduit (en
général par analogie avec une situation connue) un plan d'action, puis
s’approche de la solution par corrections successives.
Affirme qu’au cours de son
développement intellectuel,
l’enfant passe par différents
stades:
-
l'intelligence sensori-motrice
(de la naissance à deux ans), caractérisée par la découverte de l'espace,
des objets et des êtres, à travers la perception et le mouvement;
-
l'intelligence prélogique ou
symbolique (deux ans à sept huit ans), au cours de laquelle l'enfant
commence à élaborer des représentations mentales. Il peut jouer à des jeux de
fiction (par exemple la dînette avec des herbes comme aliments);
-
l'intelligence opératoire
concrète (sept-huit ans à onze-douze ans): au cours de ce stade, l'enfant
acquiert la notion fondamentale de conservation (de poids, de volume): il
comprend qu'un liquide garde la même quantité si on le transvase d'un verre
large dans un autre plus étroit (alors que dans ce dernier cas, le niveau est
plus élevé);
-
l'intelligence opératoire ou
formelle (à partir de douze ans) qui consacre l'accès véritable à
l'abstraction: l'enfant est capable de raisonner sur un problème en posant des
hypothèses a priori. Selon Piaget, cette séquence est à la fois
déterminée génétiquement et dépendante de l'activité du sujet sur son
environnement. L'intelligence se construit grâce au processus d’équilibration
des structures cognitives, en réponse aux sollicitations et contraintes de
l'environnement. Deux actions y contribuent, l'assimilation et l’accommodation. L’assimilation est
l'action de l'individu sur les objets qui l'entourent, en fonction des
connaissances et aptitudes acquises par le sujet. Mais il y a inversement une
action du milieu sur l'organisme, appelée accommodation, qui déclenche des
ajustements actifs chez ce dernier. On appelle " constructivisme ", cette
approche basée sur l'interaction sujet-environnement. Piaget a tiré de ses travaux une
vision pédagogique proche du courant de l'école nouvelle.
Le
psychologue Albert BANDURA
Est à l'origine de la théorie
de " l’apprentissage
social ", processus qui n'est pas confirmé au cadre scolaire, mais
concerne de multiples situations de la vie quotidienne. Le terme d'apprentissage
social désigne trois procédures d'acquisition qui ont leur source dans
l'entourage de l'individu:
-
l'apprentissage imitatif ou Vicariant résulte de l'observation
d'un congénère qui exécute le comportement à acquérir. Bandura s'est particulièrement
intéressé à l'agression. Selon lui, une bonne part des comportements agressifs
sont appris par imitation de modèles tels que les parents et les pairs. Il a
mené de nombreuses expériences dans lesquelles des enfants frappent une poupée
en tissu s'ils ont auparavant vu un petit film dans lequel un enfant agit ainsi,
sans être ensuite réprimandé;
-
la facilitation sociale désigne l'amélioration de la
performance de l'individu sous l’effet de la présence d’un ou plusieurs
observateurs:
-
l'anticipation cognitive est l'intégration d'une
réponse par raisonnement à partir de situations similaires.
Psychologue russe
contemporain de Piaget, a
également élaboré une théorie interactionniste de l'apprentissage, mais qui
insiste sur tout sur la composante sociale. " Dans notre conception, dit-il, la vraie
direction de la pensée ne va pas de l'individuel au social, mais du social à
l'individuel. "
Selon lui, la pensée et la
conscience sont déterminées par les activités réalisées avec des congénères dans
un environnement social déterminés. Il considère que chaque fonction supérieure
apparaît deux fois au cours du développement de l'enfant: tout d'abord dans une
activité collective soutenue par l'adulte et le groupe social; dans un deuxième
temps, lors d'une activité individuelle, et elle devient alors une propriété
intériorisée de l'enfant. Le rôle de l'enseignant est important puisque
" ce que l'enfant est en mesure
de faire aujourd'hui à l'aide des adultes, il pourra l'accomplir seul
demain. ". La distance entre ce que l'enfant peut effectuer seul et
ce qu'il peut faire avec l'aide d'un adulte est la " zone proximale de
développement ", espace sur lequel l'apprentissage doit
s'effectuer.
Après avoir été longtemps
négligée, l'œuvre de Vygotsky a
été redécouverte, principalement grâce au psychologue cognitiviste américain
Jérôme Bruner.