Sujet CAPEPS session 2001-2002
SUJET :
Quelles sont les formes et les fonctions de la répétition dans les séances d'Éducation Physique et Sportive ?
AVERTISSEMENT
Les axes de traitement du sujet ci-dessous n'ont rien d'"officiel", puisqu'ils sont le fruit d'une réflexion personnelle, sans concertation avec les instances (ou correcteurs) du concours…
Contextualisation EPS : P SENERS : p. 188 in "La leçon d'EPS" VIGOT 1993 : "Dans une même situation, l'élève doit pouvoir effectuer un maximum de répétitions. Le nombre de situations proposées dans une leçon ne doit pas être trop important afin que chaque élève ait la possibilité d'effectuer à chacune d'entre elles un certain nombre de répétitions."
Ces propos démontrent toute la difficulté qui se pose au pédagogue, soucieux à la fois de la quantité (un maximum nous dit l'auteur) et de la qualité (un certain nombre, en relation avec les régulations - thème suivant traité par l'auteur dans son ouvrage) de son enseignement.
Le sujet proposé semble à première lecture en relation avec les "théories de l'apprentissage" et l'utilisation et la justification de la répétition en tant que moyen d'apprentissage (n'entend t'on pas dire qu'il n'y a pas d'apprentissage sans répétition ou sans évaluation ??? il s'agira dans le sujet de montrer comment en tant qu'enseignant spécialiste des apprentissages moteurs vous gérez cette notion)… en allant plus loin dans l'analyse nous pouvons nous apercevoir que le sujet invite le candidat à aborder les notions de projet moteur de l'élève (et les évaluations et régulations - ou pas) en apprentissage ou perfectionnement ou entraînement ; en effet, la répétition en EPS (acquisitions motrices) intervient successivement dans :
Il est donc attendu que le candidat présente des contenus ou thèmes dans des APSA ainsi que les modalités d'utilisation de la notion de répétition. Cette dernière peut s'envisager à travers des fonctions qualitatives (régulations et feed-back intégrés) ou quantitatives (renforcement et entraînement). Les candidats pourront présenter les habiletés motrices support (habiletés motrices "ouvertes" ou "fermées") nécessitant des modalités de répétition différentes). Des situations d'apprentissage, de perfectionnement ou d'entraînement devront être présentées à travers cet écrit . Il doit être riche d'illustrations à partir de caractéristiques d'élèves ou d'apprenants.
La répétition est à mettre très rapidement dans un tel sujet en relation avec les différents types de régulations et remédiations (directes - différées - rétroactives), avec la répétition mentales (avant l'action motrice) ; il s'agit dans ce dernier cas de la répétition mentale du programme moteur (très utilisé dans le cas de stabilisation d'habiletés motrices fermées). Pour aller toujours dans un sens d'analyse, la répétition de consignes sociales (les rappels à l'ordre sont aussi des moments forts en répétitions ; l'apprentissage social serai-il lui aussi conditionné par la répétition, le renforcement ? Ce dernier thème pourra être évoqué à travers ce devoir, sans forcément donner lieu à un développement.
ANALYSE MOT A MOT
Quelles ? Le sujet est un questionnement indirect adressé au candidat ; il lui demande de se positionner sur l'utilisation de la répétition à travers ses séances d'EPS et ses situations d'enseignement (échauffement, apprentissage, perfectionnement, entraînement, récupération, entretien) ; le candidat doit également démontrer qu'il possède un recul didactique et scientifique sur la notion de répétition (chaque théorie de l'apprentissage précise l'utilisation que chacun peut (doit) faire de la répétition et des régulations, auto-régulations, co-régulations qui peuvent être pertinentes lors de tâches motrices (apprentissage, perfectionnement, entraînement…). Les notions de régulations de projets d'action, évaluation formative seront à développer impérativement. Si toutes les théories s'accordent à penser que la répétition (une certaine quantité de travail à réaliser) est fondamentale dans le cas du progrès, de très nombreuses divergences existent quant à la quantité nécessaire tout comme les accompagnements (évaluations, régulations, feed-back, modifications du projet d'action, du programme moteur…).
Sont ? Présenter les travaux et utilisations (ou non) de ceux-ci en situations d'enseignement. Les recherches sur l'apprentissage moteur, le perfectionnement moteur, l'entraînement physique, technique, tactique, stratégiques ont donné lieu à des très nombreuses théories. Nous pensons par exemple aux théories cognitivistes, socio-cognitivistes, constructivistes, socio-constructivistes interactives, béhavioristes et néo-béhavioristes, écologistes (que nous avons présenté dans le cours : "les théories de l'apprentissage sur le marché de l'enseignement").
Formes : le terme étant relativement peu explicite, il revient au candidat de le définir (à sa façon) très précisément en introduction.
La répétition mentale (se remémorer un geste sportif), la répétition motrice, la répétition verbale (prodiguée par l'enseignant dans le cas de renforcement) sont des formes envisageables ; il semble que pour ce sujet le développement soit attendu essentiellement sur l'axe de la répétition motrice.
Une autre interprétation du terme forme peut s'envisager sous l'angle des aspects quantitatifs et qualitatif.
Quoi qu'il en soit, les répétions (successions) d'efforts dans toute situation d'enseignement doivent être déterminés par rapport à l'objectif et les caractéristiques des élèves : en plus de la notion de répétition dans toute situation, nous devons gérer :
Ces cinq ingrédients sont à préciser pour TOUTE situation d'enseignement. Dans les situations, le type d'activité (boxe, athlétisme, natation, danse), la nature et niveau de développement des élèves (collège, lycée) nous imposerons des gestions particulières quant à l'aspect quantitatif. Dans un but de différenciation pédagogique, et pour une même situation, nous ne demanderons pas la même quantité de travail à tous nos élèves.
La répétition de consignes peut aussi s'envisager dans le domaine éducatif : combien de fois l'éducateur doit-il répéter, reformuler des consignes (règles de fonctionnement, de comportement social ??? La pratique pédagogique (relation pédagogique) ne peut se passer de ce genre de répétitions, sachant que dans ce cas, l'objectif de l'enseignant sera de se répéter de moins en moins, signe de socialisation et d'autonomisation de ses élèves ("tu te rends compte - dit-il à un de ses collègues, je n'ai plus besoin de leur répéter de se taire et d'écouter").
Nous ne savons pas si la répétition vue sous cet angle là fera partie des attentes de traitement ou si elle est à entrevoir comme ouverture… c'est ce second aspect que nous aurions privilégié pour notre part.
Et : les deux notions "formes et fonctions" sont à associer par rapport à des objectifs que se fixe l'enseignant d'EPS.
Fonctions : les fonctions de la répétition (ou des formes de répétitions) sont à situer par rapport à des objectifs liés aux motricités des apprenants (débutant - débrouillé - confirmé ou expert scolaire) ; en effet, les différentes théories de l'apprentissage (et leurs incidences didactiques et pédagogiques) nous proposent des possibilités d'efficacité d'enseignement ou d'entraînement à partir d'une exploitation méthodique des "répétitions" d'actions.
La répétition : nous constatons que le singulier du sujet (pour la notion de répétition) doit s'envisager au pluriel lors de l'analyse et du développement. Dans la mise en ouvre pédagogique la répétition suppose la quantité. Le piège ne se situe pas qu'à ce niveau puisque, en principe, ce terme doit renvoyer le candidat vers des concepts plus subtils que l'on retrouve essentiellement à travers les théories de l'apprentissage. Les termes d'enchaînement d'actions, de gammes ou routines pourraient s'employer pour la motricité et celui de répétition pourrait être réservé pour les consignes, critères de réalisation ou rappels à l'ordre.
A noter qu'en situation d'apprentissage, il s'agira de reformulations d'intentions d'actions et de critères de réalisation ou consignes d'exécution : le comment faire ; il s'agit dans ce cas de permettre à l'élève de s'approprier un geste efficace ou efficient en tenant compte de ses particularités ; chacun intègre donc des principes d'action (principes d'efficacité et de sécurité) et non pas des modèles techniques. L'apprentissage par reproduction à l'identique (béhaviorisme pur et dur) semble aujourd'hui dépassé (les neurosciences ont montré les limites des techniques d'enseignement issues de ce courant, notamment au niveau de la répétition recherchant la reproduction du modèle). A ce niveau du devoir, le candidat devra présenter des arguments "théoriques" justifiant ses prises de position. Les notion d'échec et d'erreur sont intimement liées à celles de répétition et de régulation ; Maccario traitait déjà de ce problème dans son ouvrage : "théorie et pratique de l'évaluation dans la pédagogie des APS" Vigot 1982. De même, Seners : "la leçon d'EPS" Vigot 1993 pense (p.188) que "l'élève doit, dans une même situation, pouvoir effectuer un maximum de répétitions". Nous nuancerons ces propos en précisant que la régulation est un facteur qui influencera la quantité de répétitions.
Nous nous permettrons de citer en référence p.169 (Seners) l'étude rapportée de l'académie de Montpellier ("Didactique de l'EPS") qui précise qu'une centaine de répétitions seraient nécessaires pour de réels progrès… sans connaître le sens accordé à l'expression "réel progrès", notre pratique empirique de professeur d'EPS nous permet d'apprécier (heureusement) de véritables acquisitions motrices dès une dizaine ou quinzaine de réalisations (nous pensons pour notre part à des gestes classiques tels que le plaquage en rugby) ou des gestes moins accessibles comme le coup de pied vissé ou la passe vrillée (en rugby toujours). Mais, pour notre part, nous privilégions dans un premier temps en apprentissage la régulation (apprentissage qualitatif à base d'évaluation formative) et non la répétition quantitative.
Dans la répétition motrice, il faudra donc distinguer clairement les notions de répétitions et d'exécutions multiples, de répétitions à l'identique, de répétitions différenciées ou de répétitions reproductives (ces termes nous semblent être intéressants à exploiter lors de l'engagement durant le développement).
Les séances d'EPS : il faudra préciser les raisons même de l'existence de l'EPS ; qu'enseigne t'on en EPS ? qu'apprend l'élève et jusqu'où (quel niveau de performance) ? Quelles acquisitions motrices ? (apprentissages (1) : efficacité ; perfectionnement (2) : efficience ; entraînement (3) : performance). Dans les trois cas, nous passons de situations "facilitantes" à des situations de référence en passant par des situations contraignantes).
Même si cela n'est pas explicité, il nous semble que l'attente du sujet, de par sa formulation incite à développer les rôles (formes et fonctions) des "répétitions" en relation avec la MOTRICITE et non les compétences méthodologiques (objectifs éducatifs) Le sujet invite à se limiter aux situations durant la séance ; les répétitions d'actions et de consignes (critères de réalisation) pourront se rencontrer dès l'échauffement et ce jusqu'à la fin de la séance avec des séries d'étirements.
Ce sujet suppose des mises en œuvre précises et rigoureuses à travers des APSA de votre choix en collège ou lycée pour pouvoir distinguer les trois fonctions précitées de la répétition. Des illustration très concrètes sont attendues, à travers lesquelles le candidat s'engage et présente l'organisation de situations (nombre de répétitions - quantification du travail) et les interventions provenant des élèves (évaluations formatives et formatrices) et de lui-même (évaluations formatives). Ces interventions relèvent d'une volonté qualitative de l'enseignement.
PROBLÉMATIQUE ET ANNONCE DE PLAN
Une problématique possible :
En nous appuyant sur les théories de l'apprentissage, confrontées aux acquisitions "motrices" des élèves, nous essaierons de démontrer que nous devons greffer à la simple notion de répétition les objectifs de gestions qualitatifs ou quantitatifs, qui conditionneront le déroulement de nos situations d'enseignement.
Première partie :
elle portera sur les différents courants "scientifiques et théoriques" qui nous informent des possibilité d'exploitation des répétitions en fonction des objectifs liés à la motricité.
Deuxième partie :
elle présentera les interventions de l'enseignant dans les régulations lors de situations d'enseignement, les aspects quantitatifs (nombres de répétitions) et qualitatifs (évaluation formative ou formatrice, régulations, nature de celles-ci) du travail réalisé par les élèves. La nécessité de la différenciation pédagogique émergera ici ; chaque apprenant ayant besoin de corrections individualisées et de quantité de travail adaptées à ses ressources.
Troisième partie :
l'élève en tant qu'apprenant, puis confronté à la stabilisation et enfin l'efficience motrice devra intervenir dans les modes de régulation lors des répétitions d'actions ; sa performance motrice sera conditionnée par la pertinence de son action et donc de la qualité de son projet d'action personnalisé et actualisé ; en effet, si le nombre de répétitions peut "sans nuisance particulière" être le même pour tous les élèves, la nature des "retours" variera en fonction de la pertinence de la réponse motrice.